Si le volet géographique de l’EDM se focalise sur les interactions en l’Homme et son environnement, il y a à ce sujet des connaissances indispensables pour enseigner. Les éléments géographiques de bases sont illustrés sur la carte ci-dessous.
Accès aux couches de référence ICI
Voir aussi Brogniet, Jean-Michel. Étude du milieu 1re/2e: Savoirs et savoir-faire. De Boeck Secondaire, 2009 – pages 66 à 71
Une de ces connaissances concerne la répartition de la population, tout particulièrement en Belgique (la couche accessible sur la carte ci-dessus dans la rubrique “Habiter”).
1. Les principaux foyers
L’exercice réalisé sur ArcGIS Online et qui visait à représenter les principaux foyers de la population et les 18 aires urbaines de plus de 100.000 habitants s’inscrit dans cette perspective.
Il faut en retenir:
- où sont les deux principaux foyers;
- comment nommer ces foyers;
- être capable de les dessiner de mémoire au bon endroit;
- le nom et la localisation des 18 principales villes et un ordre de grandeur de la population des 5 principales aires urbaines de Belgique.
2. La population urbaine
Consultez les géosignets sur la carte plus haut)
L’importance des villes en Belgique
La grande majorité de la population belge (11.584.008 habitants au 1er janvier 2022 selon Statbel) réside en milieu urbain : cela représente environ 98% de la population totale comme illustré sur le graphique de la Banque Mondiale.
Les 18 principales aires urbaines comptent à elles seules plus de 8,6 millions d’habitants, soit environ 75 % de la population totale.
L’exercice réalisé sur Google Earth Online (à droite) illustre par des exemples des occupations du sol en allant du centre-ville vers la périphérie.
L’exemple de Bruxelles
Le centre- ville:
Les bâtiments sont organisés en quartiers.
Les bâtiments sont mitoyens et forment des ensembles denses. L’espace au centre de chaque quartier est particulièrement réduit et souvent presque complètement urbanisé. Les quartiers sont des ilots de bâtiments délimités par des rues.
Les quartiers ont des formes géométriques variables.
Les quartiers ont des dimensions variables (de moins de 30 m à plus de 250 m de côté).
Les quartiers sont séparés par des rue et des ruelles qui peuvent être particulièrement étroites (parfois à peine 3 m).
Un système d’axes plus larges (boulevards) traverse les quartiers (SSO-NNE).
Une voie ferrée pénètre dans les quartiers en venant de la gare du Midi par le SE.
Les quartiers font partie d’un ensemble ceinturé par une couronne qui correspond à des boulevards (petite ceinture). Cette première ceinture correspond à l’emplacement des anciens remparts de la ville.
Les quartiers ont une ou des fonctions dominantes : quartier résidentiel, commerçant, ouvrier …. Il peut même être identifié selon son ancienneté (quartier historique…).
Ici, les bâtiments ont essentiellement une fonction de logement (ou résidentielle). Ce sont le plus souvent des immeubles à appartements de deux ou trois étages (parfois plus). On trouve ça et là des barres de logements ou des tours de logements. D’autres fonctions sont présentes telles que la fonction de culte, la fonction commerciale, la fonction administrative, la fonction récréative …. Bref, les quartiers du centre-ville sont souvent multifonctionnels.
Le centre-ville correspond au territoire le plus ancien de la ville. C’est donc là que la plus grande concentration de monuments anciens pourra se retrouver. On parle aussi du centre historique: beffroi, église, hôtel de ville …
Comme beaucoup de villes en Europe, les pouvoirs publics vont assainir la ville dans la seconde moitié du 19e siècle. Les ruelles étroites sont de moins en moins adaptées à la circulation et source d’insécurité, les cours d’eau en surface sont pollués par les excréments et les déchets, les bâtiments en torchis rendent la ville particulièrement vulnérable aux incendies… La Senne sera enterrée à partir de 1865 et un grand boulevard de type Haussmannien sera construit sur son tracé (bd Lemonnier, Anspach, Adolphe Max et Emile Jacqumain). La haussmannisation de Bruxelles n’aura pas l’ampleur que le phénomène a pris à Paris. D’autres aménagements d’ampleur auront lieu tels que la jonction entre la gare du Nord et du Midi.
Banlieue proche de Bruxelles
Entre la petite ceinture et la R21 qui forme une 2e couronne (incomplète), les bâtiments sont organisés en quartiers comme dans le centre-ville.
Les quartiers sont sensiblement plus grands et l’espace central est un peu plus dégagé. La densité de l’habitat est sensiblement plus faible.
On est dans la banlieue proche.
La banlieue, parfois aussi appelée première couronne, désigne la ceinture urbaine qui entoure une ville-centre.
Elle est constituée des communes environnantes de la ville-centre autrefois d’anciens faubourgs extramuros, et progressivement rattachées à elles par l’étalement urbain. Les banlieues sont souvent en France distinguées par leur distance à la ville-centre. On trouve la proche banlieue, plus généralement appelée « petite couronne » autour de la ville-centre, et grande banlieue, qui désigne les communes les plus périphériques rattachées au périurbain. La notion de banlieue dénote des formes urbaines différentes de celles de la ville sans pouvoir exister de façon totalement indépendantes de celles-ci. L’existence des banlieues est donc le résultat d’un débordement de la ville au-delà de ses murs ou limites.
D’après Wikipédia, octobre 2022
La fonction résidentielle domine plus largement. Le partage avec d’autres fonctions au rez-de-chaussée est nettement moins présent. Les rues sont généralement moins étroites.
Banlieue éloignée de Bruxelles
Entre la 2e couronne (N290) et la 3e couronne (Ring), on est dans la banlieue plus éloignée du centre-ville. Elle se distingue de la banlieue proche par une densité du bâti encore plus faible. Des espaces verts (champs, prairies …) se retrouvent çà et là. Le bâti est toutefois toujours organisé en quartiers.
Comme pour la banlieue proche, c’est la fonction résidentielle qui domine. La densité du bâti est nettement plus faible. Les espaces verts sont plus présents. On retrouve ici des maisons bel-étage (à gauche). Avec un bel-étage, le niveau principal se trouve au-dessus de la rue. On retrouve surtout ce principe dans les maisons de maître de caractère, mais aussi dans des habitations plus modernes. Autrefois, le bel-étage était un signe de prestige social. On y accédait via un escalier monumental, destiné à susciter l’admiration des visiteurs. Les fenêtres du bel-étage se trouvant au-dessus du niveau de la rue, l’intérieur de la maison était hors de portée des voyeurs. On y bénéficiait également d’une vue plus agréable que si l’on se trouvait simplement au rez-de-chaussée.
Périphérie urbaine de Bruxelles
Le lotissement est une opération d’aménagement par laquelle le lotisseur acquiert une parcelle non viabilisée, réalise les travaux de voirie et réseaux divers (VRD) nécessaires pour desservir les terrains et étend les réseaux publics pour les raccorder en eau, en électricité. Il assure éventuellement les équipements collectifs d’assainissement, les réseaux de télécommunication et câblés, ainsi que les équipements de défense contre l’incendie.
L’entrepreneur commercialise les terrains à une personne construisant pour son compte, ou à un promoteur qui construira des bâtiments en vue de les revendre aux acheteurs finaux.
Divers plans sont communément utilisés, tels que le plan hippodamien ou ceux en chandelier. De tels aménagements se reconnaissent aisément, et permettent de qualifier de lotissement les quartiers créés par ces opérations immobilières.
L’opération d’aménagement, consistant à transformer des terrains non viabilisés en terrains constructibles, est habituellement réalisée en périphérie des zones urbanisées, c’est-à-dire en banlieue ou en zone périurbaine. Elle est donc critiquée car elle contribue à l’étalement urbain et, pour les lotissements pavillonnaires, pour leur faible efficacité énergétique.
Quand l’acte de bâtir sur un lotissement est le fait d’un promoteur, l’habitat a un caractère uniforme. Ici, ce sont des villas quatre façades de plain-pied. Les espaces verts sont dès lors omniprésents. Il est rare d’y trouver autre chose que des résidences.
L’organisation spatiale de Bruxelles – Un plan radioconcentrique
Comme la majorité des grandes villes en Belgique, Bruxelles est organisée en plan radioconcentrique. La forme générale est ovale. On voit que dans le cas de Bruxelles, la forme est incomplète au sud. En changeant d’échelle en allant du centre vers la vue globale de l’aire urbaine, on voit les anciens remparts qui délimitent le centre-ville et des rues qui se dirigent vers l’extérieur de manière radiale (comme les rayons d’un vélo). Cette même organisation se remarque pour les 2e et 3e couronnes.
Chaque couronne correspond à un stade du développement spatial de la ville.
Le centre-ville est hérité de l’occupation médiévale (le plan en illustration est daté de 1572, au 16e siècle).
En consultant l’atlas d’EDM ICI, on voit que la situation a peu évolué jusqu’à la 2e moitié du 18e siècle avec la carte de Ferraris : Ixelles, Etterbeek … ont des allures de périphérie urbaine éloignée. La situation est quasi la même au milieu du 19e siècle comme le montre la carte de Vandermaelen. Les cartes topographiques de la fin du 19e siècle et du début du 20e siècle montrent à quelle vitesse l’urbanisation a évolué pendant cette période à Bruxelles.
C’est après les années 50 et avec une accélération dans les années 70 que la 3e couronne va se densifier et sera dépassée. Voir aussi l’évolution sur Bruciel ICI.
Les espaces périphériques, au-delà de la 3e couronne, sont moins homogènes.
Les infrastructures de transport (chemin de fer, canal, autoroutes) structurent clairement l’espace de la ville. Les autoroutes permettent une diffusion radiale, le chemin de fer également mais avec moins d’axes et le canal assure une communication essentiellement N/S.
L’aire urbaine de Bruxelles et l’étalement urbain
Une aire urbaine ou agglomération urbaine (terme courant) ou unité urbaine (terme administratif) est un territoire marqué par une continuité du bâti. L’agglomération signifie donc bien que plusieurs communes ont été agglomérées par le développement de la ville. Dès que l’on quitte l’aire urbaine, on arrive dans le milieu rural.
L’étalement est le processus par lequel la ville se développe en périphérie en occupant de plus en plus d’espace par habitant. D’un espace à développement vertical dans son centre, la ville a un développement de plus en plus horizontal en périphérie. Au plus une ville occupe de l’espace par habitant (p.ex. Phenix aux USA), au plus elle est étalée.
L’étalement urbain est la progression des surfaces urbanisées à la périphérie des villes. Cela concerne l’habitat, en grande partie des maisons individuelles, mais aussi de nombreuses entreprises qui nécessitent de grandes surfaces et parmi elles des centres commerciaux. Dans tous ces lieux desservis par la voiture individuelle, une part importante de l’espace utilisé est attribuée aux voies et aux parkings asphaltés, dont les nuisances ont été relevées. Mais surtout, cette grande dépendance à l’égard de la voiture participe à l’augmentation les émissions de gaz à effet de serre. Dans le monde ce sont aussi d’immenses bidonvilles qui s’étalent partout où c’est possible.
Cet étalement urbain pose de nombreuses contraintes aux usagers qui ont fait le choix d’y habiter ou qui sont contraints d’y travailler. Ils dépendent des fluctuations des prix des carburants pour souvent deux véhicules par couple, des longues distances à parcourir jusqu’à leurs différentes activités et des encombrements des voies aux heures de pointe, générant du stress. Mais la démarche des habitants vers ce type de résidence est déterminée par de multiples motivations dont l’étude révèle toute la complexité.
Enfin ce type d’habitat effectue une forte pression sur l’environnement. Terres arables, bois… sont ainsi occupés par un étalement urbain croissant, surtout depuis la fin du xxe siècle. Les mesures, nombreuses, le confirment. Ce type d’occupation de l’espace péri-urbain génère ainsi non seulement l’artificialisation des sols mais nécessite aussi, l’extension et l’entretien des voies et des réseaux : eaux et assainissement, gaz, électricité, câble Ethernet, éclairage public. La crise environnementale et la nécessité de réponses rapides, motive, à ce propos, de nombreuses recherches, surtout au xxie siècle, qui sont évoquées dans cet article.