Le référentiel du Tronc commun propose une démarche des sciences humaines en 3 étapes:

  • observer/se questionner
  • rechercher
  • Structure/communiquer/valider

… avec des spécificités disciplinaires fortes pour chacun de ces axes:

Cette manière de caractériser la démarche implique:

  • qu’un objet est étudié à travers le prisme des différentes disciplines;
  • qu’aucune discipline n’est inféodée à une autre;
  • que c’est par la manière qu’a chaque discipline d’observer une même réalité que les questions émergent. Pour le dire autrement, la richesse des sciences humaines repose avant tout sur la multiplicité des questions face à une même réalité que la démarche permet de faire émerger;
  • que la base de la démarche des sciences humaines repose sur la capacité à observer comment un objet s’inscrit dans le temps, comment il s’inscrit dans l’espace et comment il s’inscrit en termes de tensions entre des acteurs économiques et/ou sociaux.

Rupture ou continuité par rapport aux référentiels précédents?

Dans le référentiel des compétences terminales et savoirs requis en sciences économiques et sciences sociales pour les humanités générales et technologiques de 2000

En sciences économiques, 8 compétences sont définies:

  • Maitriser les acquis théoriques de base
  • Recueillir et traiter des informations en fonction d’une recherche
  • Analyser des informations
  • Synthétiser des informations
  • Appliquer des concepts, des modèles, des procédures (appris)
  • Résoudre des problèmes pour lesquels les savoirs, concepts et procédures appris sont maitrisés
  • Résoudre des problèmes pour lesquels des savoirs, concepts et procédures supplémentaires doivent être élaborés
  • Appréhender la multiplicité des théories relatives à une même problématique

En sciences sociales, 9 compétences sont définies:

  • Travailler ses représentations
  • Être capable de prendre part activement à un travail d’équipe
  • Maitriser les acquis théoriques de base
  • Recueillir et traiter des informations en fonction d’une recherche
  • Analyser une information
  • Synthétiser des informations
  • Appliquer des concepts, des théories, des modèles, des procédures
  • Analyser des problématiques selon une démarche scientifique
  • Appréhender la multiplicité des théories relatives à une même problématique

Le nombre de compétences (17) pour ce volet économique et social suffit pour se rendre compte de la grande confusion qui régnait à l’époque dans le domaine des sciences économiques et sociales sur ce qu’était une compétence et sur les spécificités des disciplines. Un habillage sophistiqué sur un corps décharné, une coquille vide …

Dans les socles de compétences de 1999

Ils précisent les compétences communes et disciplinaires pour l’histoire et la géographie.

  • Les compétences communes mettent en avant le questionnement, la démarche de recherche et la recherche, l’exploitation de l’information et la vérification de sa pertinence, la structuration des résultats et la validation de la démarche puis la communication.
  • En histoire, les compétences disciplinaires sont articulées sur des savoirs (organisation du temps, modes de vie à une époque, évolution du mode de vie et nature des traces et des sources) et des savoir-faire (lecture d’une trace du passé, exploitation des sources et utilisation des repères et représentations du temps).
  • En géographie, les compétences disciplinaires sont articulées sur des savoirs (composantes du paysage, atouts et contraintes des milieux naturels, organisation de l’espace et interactions hommes/espaces) et des savoir-faire (lire un paysage, localiser, utiliser des repères et représentations spatiales).

Si l’articulation entre les compétences transversales et disciplinaires n’est pas explicite, le Tronc commun ne remet pas en question le contenu des Socles de compétence. Il le précise et le complète par le volet économique et social.

Dans le référentiel des compétences terminales et savoirs requis en histoire de 1999

Il fait état de 4 compétences dans les termes suivants (qui ne sont pas nécessairement les termes utilisés dans les programmes):

Pour aider l’élève à se situer dans le monde actuel, le cours d’histoire visera à développer les compétences suivantes :

  • Compétence n°1 – Au départ d’une situation du passé ou du présent, élaborer une problématique de recherche et sélectionner dans divers lieux d’information et de documentation des renseignements utiles.
  • Compétence n°2 – En fonction d’une question déterminée, remettre dans son contexte historique, analyser et critiquer un ensemble limité de sources.
  • Compétence n°3 – Sur base d’un nombre limité de données, organiser une synthèse mettant en évidence, selon les cas, des permanences, des processus évolutifs, des changements ou des synchronismes et formuler des hypothèses explicatives.
  • Compétence n° 4 – Concevoir, préparer et mener à bien une stratégie de communication d’un savoir historique en ayant recours à différents modes d’expression, écrit, oral, visuel ou audiovisuel.

Les termes sont très proches de la démarche historienne proposée dans le Tronc commun qui précise que la problématique est issue de l’observation de la temporalité du fait étudié.

Dans le référentiel des compétences terminales et savoirs communs en formation économique et sociale pour les humanités professionnelles et techniques de 2014

La situation s’est un peu clarifiée par rapport à la version de 2000 mais la confusion est toujours là.

Si le texte introductif annonce 4 compétences:

  • Appliquer des concepts, des modèles, des procédures appris à une situation économique, juridique ou sociale nouvelle
  • Déterminer les enjeux et les limites d’un concept, d’un modèle, d’une politique face à une problématique économique, juridique ou sociale
  • Prendre une position argumentée face à un problème économique, juridique ou social
  • Communiquer un message fondé sur des concepts économiques, juridiques ou sociaux à un public cible précis

Les unités d’acquis d’apprentissage font état de compétences à développer sans rapport avec ce qui est annoncé:

  • Analyser le contexte psychosociologique, en déterminer les conséquences juridiques
  • Elaborer le budget d’un ménage
  • Faire face à une problématique liée à un contrat
  • Elaborer un projet de consommation
  • Adopter un regard critique sur les pratiques médiatiques contemporaines
  • Faire face à une problématique relative à un contrat de travail
  • Analyser un marché du travail
  • Raisonner en contribuable avisé
  • Analyser une décision/proposition d’un pouvoir public

La simplification de la démarche pour les sciences économiques et sociales est en soi une rupture. L’imprécision des compétences disciplinaires et l’absence de liens avec une démarche transversale que ce soit en 2000 ou en 2014 permettent déjà de comprendre les imprécisions qui subsistent dans le texte du Tronc commun:

  • Pourquoi ne se contenter de mettre en évidence les différents acteurs économiques et sociaux et interroger les relations en termes de tensions ?
  • Pourquoi ne pas identifier des composantes de l’environnement économique et/ou social pour éclairer ces tensions?
  • Pourquoi ne pas avoir déterminé les spécificités des sciences économiques et sociales sur l’inscription d’un fait dans une réalité économique et sociale alors que l’histoire l’inscrit dans le temps et la géographie dans l’espace ?

Dans le référentiel des compétences terminales et savoirs communs en formation historique et géographique pour les humanités professionnelles et techniques de 2014.

Le texte définit la démarche uniquement du point de vie des disciplines (histoire et géographie):

… La spécificité de la démarche historienne est d’inscrire chacun de ces thèmes d’aujourd’hui dans une perspective historique. Cette démarche globale est déclinée ici en trois compétences :

  • C1 Situer dans le temps : situer des réalités dans le temps en les reliant aux contextes historiques et aux repères temporels qui les rendent compréhensibles ;
  • C2 Critiquer : apprécier de manière critique des documents, des témoignages ou des points de vue d’hier ou d’aujourd’hui ;
  • C3 Comparer : comparer des situations dans le temps en vue d’identifier des permanences et/ou des changements, de mettre en évidence des évolutions.

… Il s’agit de mettre en œuvre une démarche géographique déclinée ici en trois compétences :

  • C1 Positionner et situer des objets dans l’espace : décrire le contexte spatial du thème sélectionné
  • C2 Établir l’existence de liens entre des composantes du territoire : expliquer des relations entre le thème sélectionné et son contexte spatial
  • C3 Utiliser des représentations cartographiques pour décrire / expliquer une répartition spatiale / une dynamique spatiale : communiquer le contexte spatial du thème sélectionné

Ce texte à mi-chemin entre les référentiels de la fin du siècle passé et celui du Tronc commun donne des indications plus précises sur les spécificités des disciplines. Le lien avec une démarche commune n’est pas précisé. Le texte du Tronc commun ne contredit donc pas non plus ce texte, il le précise et le complète.

Dans le référentiel des compétences terminales et savoirs communs en géographie pour les humanités générales et technologiques de 2018

Le texte définit la démarche géographique de la manière suivante:

  • Décrire une répartition /une dynamique spatiale pour mettre en évidence des disparités spatiales et interroger l’espace
  • Comparer les répartitions de différentes composantes de l’espace pour mettre en évidence des facteurs de localisation et émettre des hypothèses explicatives.
  • Sélectionner, commenter, annoter, critiquer, réaliser des représentations de l’espace pour communiquer des disparités spatiales et l’existence de liens entre des composantes de l’espace.

Cette proposition est quasi identique à celle du Tronc commun.