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Comment Bruxelles s’est-elle construite depuis 1930 ?

Le projet BruCiel tente d’y répondre, de plusieurs façons et à différentes époques.

Au niveau architectural, lorsque l’on agrandit fortement les photos aériennes – anciennes ou récentes – le palais de justice n’a pas changé même si sa coupole n’est plus tout-à-fait la même depuis 1944. La gare du Nord n’est plus à la même place en 1953 et la jonction souterraine qui la relie à la gare du Midi a coupé en deux le centre-ville. L’aérodrome de Haren, avec ses petits et grands biplans prêts à décoller, n’existe plus depuis longtemps alors que les trams longent encore la Bourse en 1971.

Chacun regarde d’abord ce qu’il y avait là où il reconnaît son appartement, sa maison, son jardin.

Mais que reste-t-il des châteaux et des grosses villas qui entouraient l’agglomération ? Quels immeubles ont remplacé les châteaux du banquier Brugmann, près de l’avenue qui porte son nom ? Les cités-jardins sont, quant à elles, toujours présentes : Terdelt à Schaerbeek, Diongre à Molenbeek ou Kapelleveld à Woluwé-Saint-Lambert.

En 1930, les eaux de la Senne clapotaient, dans ses différents bras à Anderlecht, à côté de très nombreux bâtiments industriels. En 1944, la gare du Midi était encore une monumentale gare terminale. En 1953, deux longues halles caractérisaient pour deux ans encore le Marché aux Poissons. En 1971, débuta au quartier Nord une grande mutation toujours inachevée en 2004.

La ville apparaît bien alignée autour de ses parcs jusqu’en 1953, puis elle commence à se disperser. Elle rejoint, puis dépasse les cités-jardins blotties jadis en périphérie.

La structure urbanistique commence à varier même si l’alignement des maisons, des bureaux, des fabriques ou des grands commerces, le long des rues, avenues ou boulevards, continuera à prédominer. L’ordre dispersé, dans ses différentes variantes (immeubles-tours ou villas, parcs industriels ou d’affaires), reste minoritaire.

Sous quelle forme s’est développée l’emprise des bureaux ? D’une tache centrale, de plus en plus étendue, en taches éparpillées. Les bas-fonds de la rue Royale, avec leur superbe escalier monumental, l’étaient-ils vraiment avant que ne s’élève la Cité administrative de l’État ? Combien y avait-il de maisons de maître avant que ne surgisse le Berlaymont ?

Les commerces de proximité étaient-ils plus accessibles hier qu’aujourd’hui ? Comment évaluer la densité commerciale dans les quartiers à plus de cinquante ans d’intervalle ?

Que sont devenus les grands ateliers ou les vastes entrepôts, proches du canal et des gares ?

Le réseau principal des transports urbains apparaît fort bien maillé en 1953.

Il faut activer la couche relative aux autoroutes urbaines auxquelles Bruxelles a en grande partie échappé pour comprendre un processus de destruction (heureusement) inabouti.

Économie, mobilité, histoire se superposent, en couches cartographiques variées, sur les photos pour mieux rendre perceptible une évolution fort complexe.

Après avoir retrouvé, au fond d’une cave, des séries dépareillées de photos aériennes ayant appartenu à un ministère oublié, la Direction Études et Planification les a recomposées pour que ces archives parlent aux Bruxellois et aux curieux. Puis elle a utilisé celles accumulées durant la seconde guerre mondiale pour présenter une image complète avant les grands transformations immobilières en centre-ville

Il suffit d’agrandir, déplacer la photo, la multiplier par deux ou trois en choisissant des dates différentes, ajouter la cartographie détaillant un thème particulier, chercher une adresse et le présent se compare au passé de manière raisonnée.

Plus de 80 ans d’urbanisation se révèlent à grande ou petite échelle dans ce face-à-face singulier ou multiple.

La dernière version mise en ligne complète la visualisation comparative. En effet, il était souhaitable d’aider tout un chacun à mieux comprendre la vision de la ville à la verticale de celle-ci – que seuls les oiseaux, les urbanistes et autres initiés perçoivent facilement.

Une sélection de plus de 5.000 photos anciennes, d’époques différentes et des plus parlantes en termes urbanistiques, a été effectuée et géolocalisée.

Un repère associé à l’angle de prise de vue fait apparaître chacune des images, de façon à comparer précisément au niveau du sol ce qui se voyait depuis les airs. Celles-ci sont classées par décennie, collection et type de prise de vue.

Ces séries d’images illustrent plusieurs périodes : l’aboutissement urbanistique de Bruxelles commencé au début du 19ème siècle (collection Belfius), les destructions amorcées dès 1910 pour et autour de la jonction ferrée nord-midi (collection IRPA), les grandes transformations entamées durant les années 1950 en relation avec le changement des modes de communication (collection Travaux publics). Elles mettent aussi en évidence la circulation des transports publics dans la ville (collections STIB et SNCB, intégrées dans « autres collections publiques »).

Une autre façon de voir en hauteur a été retenue dans la série de photos aériennes obliques plus récentes (collection Centre de Documentation BUP).