La croissance démographique
Analyse géographique
Ce qu’il faut faire apprendre
Tronc commun
Lecture du référentiel duTronc commun et identification des acquis d’apprentissage à mettre en place
5e primaire
- Nommer les espaces les plus peuplés en Belgique (espace Bruxelles-Gand-Anvers-Louvain et Sillon Sambre-et-Meuse), figurés sur une carte (S);
- Énoncer des ordres de grandeur de la population en Belgique, en Flandre, en Wallonie et à Bruxelles-Capitale, au dixième de million près (S);
- En comparant deux cartes, sélectionner les affirmations correctes qui établissent des liens entre une occupation/utilisation du sol et la répartition de la population, des éléments du relief, de l’hydrographie (C)
6e primaire
- Donner un ordre de grandeur de la population mondiale, de la part de l’Asie et de l’Europe et de la population qui vit à moins de 30 km des côtes, qui vit en ville. Répartition de la population dans le monde : environ 7900 M en 2021 dont 60 % en Asie, 10 % en Europe, un peu plus de 20 % de la population vit à moins de 30 km des côtes et 70 % vit en ville (à mettre à jour) (S);
- Distinguer la densité de la population totale (S);
- Annoter une carte à une variable, sur la base de la légende (couleurs ou figurés) pour mettre en évidence des espaces plus ou moins peuplés (SF);
- Situer en quelques mots des espaces plus ou moins peuplés, à l’aide des repères connus ou identifiés sur une carte (C);
- Situer un fait ou un phénomène à l’échelle d’un continent ou du monde, en faisant référence à la répartition de la population (C);
- Sur la base de différentes cartes, expliquer la présence plus ou moins importante de la population, en faisant référence au relief ou à l’hydrographie ou aux conditions climatiques ou à la proximité du littoral (C).
1re secondaire
- Nommer les principaux espaces du monde marqués par la croissance démographique, figurés sur une carte : Asie de l’Est (Chine), Asie du Sud (Inde, Pakistan), Indonésie, Golfe de Guinée (Nigéria), Région des Grands Lacs africains (S);
- Dire en quelques mots ce qu’est la croissance démographique: naissances, décès (mouvement naturel) et immigration, émigration (mouvement migratoire) (S);
- Citer des occupations du sol caractéristiques de chaque processus qui marque l’évolution de l’occupation des espaces (S);
- Illustrer par un exemple un espace marqué par un processus d’évolution (S);
- Mettre en évidence des liens entre des indicateurs socioéconomiques des populations et l’évolution de l’urbanisation(C).
3e secondaire
- Nommer les espaces peuplés et les espaces vides figurés sur une carte aux échelles mondiale et continentale (S);
- Justifier l’importance de la vulnérabilité d’une population en faisant référence à son effectif, son niveau de développement socioéconomique et à la manière d’occuper l’espace (C).
Supports documentaires
La répartition de la population mondiale
Observez la carte ci-dessous. La couche de la population (parfois lente à s’afficher) est en mode points. Chaque pixel correspond à une surface d’un km². En cliquant sur la carte, on obtient le nombre de personnes sur chaque pixel.
La carte présente les principaux foyers de population. En cliquant sur les ellipses, on obtient une estimation de la population dans l’espace identifié. Les estimations sont réalisées à l’aide de l’estimateur du SEDAC (NASA).
Les données affichées dans les boites de dialogue permettent d’estimer les densités pour les différents ensembles.
L’évolution de la population mondiale depuis 100.000 ans
L’évolution actuelle de la population
L’interface ci-dessous permet de caractériser l’évolution des différents ensembles et de se rendre compte des enjeux spécifiques. La croissance de la population pour l’Afrique est particulièrement préoccupante puisque la population en 2024 de 1,5 milliard d’habitants doublera d’ici 40 ans. Des populations vont vieillir au point de ne plus pouvoir s’assumer. La pression sur la Terre peut-elle encore croitre?
Pour comprendre les évolutions : la transition démographique
La transition démographique est le processus historique par lequel une population passe d’un régime démographique caractérisé par un taux de mortalité et un taux de natalité élevés à un nouveau régime caractérisé par un taux de mortalité puis un taux de natalité faibles. Ce type d’évolution a été observé à partir de la fin du xviiie siècle en France et au Royaume-Uni, puis dans l’ensemble des autres pays au cours des trois siècles suivants. C’est une composante de la modernisation ou du développement socio-économique. Ce processus historique aboutit à la multiplication par huit de la population mondiale de 1800 à 2022 et à son décuplement prévu de 1800 à 2050. Ce processus s’explique principalement par le développement sanitaire et socio-éducatif. Il contribue à expliquer le développement économique.
Les profils de transition démographique et les accroissements de population entre 1800 et 2050 sont très différenciés selon les zones géographiques. Santé, éducation, statut de la femme, planning familial sont parmi les principaux facteurs de cette transition. La transition socio-démographique rapide favorise généralement le progrès économique dans les pays en voie de développement. Les migrations internationales globalement jouent relativement un rôle plus faible après 1960. La transition de la fécondité est plus tardive dans certaines régions, mais présente partout. Le vieillissement post-transitionnel concerne maintenant deux tiers de la population mondiale.
Les phases de la transition démographique
Régime démographique traditionnel (pré-transition) (Stage 1 dans le graphique d’entête)
La situation ancienne (ou traditionnelle) est une situation d’équilibre, caractérisée par un fort taux de natalité et un fort taux de mortalité, dont la différence est un taux de variation naturelle en moyenne proche de zéro. Cette phase est ponctuée de nombreux pics de mortalité dus à des guerres, des épidémies ou encore des famines. Le fort taux de natalité compense à la fois ces pics de mortalité et les forts taux de mortalité infantile et générale. Beaucoup de pays pauvres étaient dans ce cas jusqu’au début du vingtième siècle.
Le début de la transition démographique (Stage 2 dans le graphique d’entête)
Le taux de mortalité baisse fortement et structurellement. Des États impulsent une diminution des famines, épidémies, guerres locales en encourageant une amélioration de l’alimentation, de l’hygiène et de la santé, des transports. Ils favorisent le développement sanitaire et économique dans de nombreux pays. Cependant le taux de natalité reste fort, voire augmente. Le taux d’accroissement naturel de la population, différence entre le taux de natalité et le taux de mortalité, exprimé en pour mille ou en pour cent, devient de plus en plus élevé.
Ainsi en Europe, dès le xviie siècle et au xviiie siècle, la mise en place des États modernes contribue à la limitation des épidémies (peste : institution de quarantaines ; variole : débuts de la vaccine) et à l’atténuation des famines par l’amélioration des réseaux routiers et financiers, permettant l’acheminement et la conservation des vivres3.
En 1950, tous les pays du monde ont déjà connu cette première phase de baisse préalable et structurelle du taux de mortalité, du fait de la révolution sanitaire. L’Afrique subsaharienne voit son taux de mortalité diminuer de 35 pour mille en 1945 à 10 pour mille en 1975. Elle a l’espérance de vie à la naissance (Evn) relativement la plus faible en 1950 (36 ans)4, mais celle-ci est cependant de dix ans supérieure à celle des sociétés traditionnelles (25 ans). Son taux de mortalité est cette année-là de 2,8 %, son taux de natalité de 5 % et donc son taux d’accroissement naturel de 2,2 %. Ce taux d’accroissement est en moyenne de 2 % dans les pays du Sud en 1950, taux qui correspond à un doublement de la population tous les 35 ans.
Seconde phase de transition (Stage 3 dans le graphique d’entête)
Le taux de mortalité continue à baisser mais plus lentement. En conséquence, le nombre de naissances correspondant au remplacement des générations devient plus faible. En liaison avec les progrès de l’éducation, de la santé, de l’économie, de l’urbanisation etc, un changement des mentalités s’opère. Le taux de natalité se met alors à décroître. Le maximum du taux d’accroissement naturel est atteint au début de cette deuxième phase. Puis le taux de natalité baisse plus fortement, ce qui implique une décélération du rythme d’accroissement de la population.
La France est certainement le premier pays du monde où s’est amorcée, dès la seconde moitié du xviiie siècle, la baisse durable de la mortalité et de la fécondité qui caractérise la transition démographique5. À la fin du xviiie siècle en France, Emmanuel Le Roy Ladurie, cité par J.-C. Chesnais, constate « une attitude nouvelle vis-à-vis du couple, de la femme plus respectée, de l’enfant valorisé donc plus rare, de la propriété enfin de plus en plus conçue comme ce qui doit être divisé le moins possible, dans un système de valeurs issues de la bourgeoisie qui commencent à se répandre dans les campagnes sous l’influence de l’alphabétisation »6. Le sociologue Daniel Bertaux émet aussi l’avis que « l’hypothèse la plus vraisemblable est que l’accession à la propriété privée de la terre a freiné la démographie paysanne ». La densité utile de la France est alors relativement élevée en Europe et de nouvelles idées plus rationnelles et démocratiques se répandent (siècle des Lumières, Révolution française).
À la fin du xixe siècle, d’autres pays aujourd’hui développés, ayant beaucoup accru leurs populations malgré l’émigration massive et connaissant une crise économique après 1873, entament leur transition de la fécondité ; d’autres facteurs ont influé selon J.-C. Chesnais : alphabétisation de masse et déclin progressif des idéologies natalistes traditionnelles, industrialisation, urbanisation et travail des femmes à l’extérieur, etc. Daniel Noin insiste sur l’amélioration de la condition féminine et l’essor de mouvements démocratiques et féministes. Adolphe Landry avance la thèse de la capillarité sociale, à savoir la tendance à l’imitation de comportements de procréation des classes sociales immédiatement supérieures, ce qui induit progressivement une baisse de la fécondité.
À partir de 1930 à 1950, les pays en développement connaissent à leur tour une baisse rapide de la mortalité et donc une croissance accélérée de leur population. C’est lorsque l’espérance de vie à la naissance, qui est de 25 ans dans les sociétés traditionnelles, approche les 50 ans, ou quand la mortalité infantile, qui est de 300 à 400 ‰ dans les sociétés traditionnelles devient inférieure à 150 ‰8, que le déclenchement de la baisse de la fécondité s’opère généralement. Cet ajustement de la fécondité est qualifié de structurel s’il est durable et d’au moins 10 %. Il est généralement rapide et a lieu pour l’essentiel entre 1960 et 2000 pour la grande majorité des pays en développement d’Asie, d’Amérique latine, d’Afrique du Nord et d’Afrique australe, et entre 1980 et 2015 pour ceux d’Afrique intertropicale. En conséquence, la très grande majorité de ces pays connaissent actuellement un fort ralentissement de leur croissance démographique (dernier acte de la seconde phase).
L’indicateur conjoncturel de fécondité9, ICF, ou somme des taux de fécondité par âge d’une année, est appelé aussi indice synthétique de fécondité (ISF). Il peut être interprété comme le nombre moyen d’enfants par femme. Il est passé d’environ 6 ou 7 dans les sociétés traditionnelles à 2,3 en 2022 pour la population mondiale. Pour les pays en développement, il est passé de 6,1 en 1963 à 2,4 en 2022, soit -60 %. En Asie et en Amérique latine l’indice synthétique de fécondité passe en moyenne de 6 en 1960 à 2,1 en 2019 (le niveau de remplacement des générations) et 1,9 en 2022; seule l’Afrique a un indice encore relativement élevé de 4,2 en 2022 mais plus de la moitié du chemin entre 6,8 et 2,1 a été déjà parcourue. En 2022, 84 % de la population mondiale vit dans des pays où l’ISF est inférieur ou égal à 3 (transition quasi-terminée) et près de 99,5 % vit dans des pays dont l’indice synthétique de fécondité est inférieur à 5,5 enfants par femme, (transition de la fécondité bien amorcée) contre environ 25 % en 1960. Les derniers 0,5 % vivent dans des pays qui ont initié le plus tardivement cette transition de la fécondité. Ce sont quelques pays les moins avancés d’Afrique subsaharienne le plus souvent handicapés par des guerres, ayant une espérance de vie à la naissance inférieure ou proche de 60 ans et un taux d’alphabétisation des adultes inférieur à 50 % en 2015 (World Bank Indicators 2019). Compte tenu de la structure par âge très jeune et de la fécondité encore relativement élevée, la population de l’Afrique subsaharienne devrait augmenter d’ environ 80% de 2022 à 2050.
La durée de la baisse de la fécondité d’environ 6 jusqu’à moins de 3 enfants par femme a été relativement longue dans les pays développés, mais elle a été en général beaucoup plus rapide dans les pays en développement un siècle après. Les données ci-dessous indiquent une grande diversité de situations et de facteurs d’explication.
Régime démographique moderne (post-transition) (Stage 4 dans le graphique d’entête)
On observe dans cette phase des taux de natalité et de mortalité faibles. La mortalité est à peu près égale d’une année à l’autre et la régulation de la population se fait désormais par la natalité qui connaît des fluctuations (pendant le régime traditionnel c’était la mortalité qui avait ce rôle régulateur).
Un grand nombre de pays d’Europe de l’Est et du Sud ainsi que le Japon connaissent à partir des années 1990 un déficit démographique naturel ou taux de variation négatif. Le démographe Roni Lestaeghe a qualifié cette évolution et plus largement le non remplacement intégral des générations de « seconde transition démographique », alors que J.-C. Chesnais la qualifie de « post-transition démographique ». L’accélération du vieillissement s’accompagne généralement à terme d’une diminution de la population.
En 2022, environ deux tiers de la population mondiale vit dans des pays ayant un indice synthétique de fécondité (ISF) inférieur ou égal à 2,1 enfants par femme selon l’INED13 : toute l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Asie de l’Est (catégories ONU), ainsi que depuis très récemment un peu moins de la moitié des populations d’Asie du Sud-est (Thaïlande, Vietnam, Malaisie, Birmanie), et d’Asie Occidentale (Turquie…), 85 % de celle d’Asie du Sud (Bangladesh, Népal, Iran, et l’immense Inde à partir de 2021), 80 % de celle d’Amérique Latine (Brésil, Mexique, Colombie…). Les pays qui viennent d’atteindre le seuil de 2,1 (hors Asie de l’Est et Europe) verraient leur population croître jusqu’en 2050, mais modérément, du fait d’une structure par âge qui reste jeune.
En 2022 près des trois quarts de la population mondiale vivent dans des pays ayant un indice synthétique de fécondité inférieur ou égal à 2,5. 5% de la population mondiale vit en effet dans des pays ayant un ISF compris entre 2,2 et 2,5 en 2022, notamment Indonésie, Arabie Saoudite, Maroc, Afrique du Sud, Pérou, Venezuela …
Seuls l’Afrique subsaharienne intertropicale et l’Afghanistan ont un ISF nettement plus élevé quoiqu’en forte baisse, respectivement 4,6 et 4,5. En 2022, environ 5% de la population mondiale vit dans des pays où l’indice synthétique de fécondité est supérieur à 5 contre 66 % en 1950. L’indicateur de développement humain (IDH) a augmenté en général très significativement depuis plusieurs décennies dans les pays en développement concernés.